Tim Burton: Pourquoi est-il mythique ?

Publié le par le-mythe-tim-burton.over-blog.fr

 

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On ne peut pas parler du mythe Tim Burton sans essayer de comprendre d’où vient une telle fascination pour ce cinéaste. Pourquoi malgré son univers hors norme est-il parvenu à se faire une place dans la grande histoire du cinéma. Pour comprendre tout cet enthousiasme autour de lui, il faut remonter aux fondamentaux, à sa manière de créer des films, et surtout à sa façon d’aborder des thèmes universelles, des thèmes qui s’adressent pour la plupart à un large public. Car c’est bien lui qui est à l’origine de son succès, de par ses influences et sa vision du monde.

 

Jean Pierre Esquenazi, un universitaire Français spécialisé sur la relation entre la production culturelle et sa réception, a tenté d’analyser le rapport que le cinéaste entretient avec son public de par ses films, voilà ce qu’il en dit : « Burton et ses spectateurs reconnaissent le caractère sémiotique du monde. Mais ils n’en tirent pas la même conclusion que Godard : pour eux, il n’est pas pensable de recomposer un ordre signifiant à partir du désordre ambiant ; on peut seulement s’en amuser, en ajoutant à des signes-clichés des signes-chimères, en accumulant les signes de signes, ou en obligeant des signes vieux et usés à entrer dans une sorte de danse infernale »

(Jean-Pierre Esquenazi, « Cinéma, nouvelles technologies et dispositions sociales », Le Portique [En ligne],  mis en ligne le 15 mars 2005, Consulté le 30 avril 2010. URL :http://leportique.revues.org/index298.html).

 Dans ce texte, Esquenazi tente de comprendre quel lien le cinéma entretient-il avec le monde. Et selon lui, Tim Burton est un cinéaste qui ne cherche pas à rendre le monde plus beau, il accepte la réalité telle qu’elle est, aussi horrible soit-elle, et préfère jouer avec. Tim Burton est dans une sorte de relativisme vis-à-vis de la réalité du monde, et il propose à ces spectateurs de jouer avec cette réalité, de l’aborder de manière plus sereine, moins sérieuse. On est en droit de penser que cette approche relativiste et dérisoire vis-à-vis du monde a permis à Tim Burton de fonder son mythe, ce qui pourrait donc justifier son succès à travers le monde.

 

Mais cela ne justifie pas entièrement le fait que le cinéaste est parvenu à se créer une image de marque. Il est fort possible que ce succès tienne également à sa manière d’appréhender cette dérision. De nombreux universitaires ou spécialistes du cinéma se sont penchés sur ce cinéaste, et il est intéressant de constater que dans la majorité de ces films, Tim Burton s’adresse à tout public confondu, qu’il s’agisse d’un enfant ou d’un adulte, d’un homme ou d’une femme. Dans Devenir adulte et rester enfant ? : relire les productions pour la jeunesse, Isabelle Cani et ses confrères démontrent que certaines productions de Tim Burton, abordent le monde de l’enfance : « On retrouve à travers la chocolaterie merveilleuse et fermée de Tim Burton (…) cette vision de l’enfance comme une île coupée du continent. »

(Isabelle Cani, Nelly Chabrol-Cagne et Catherine d’Humières, Devenir adulte et rester enfant ? : relire les productions pour la jeunesse, via Google livres,

http://books.google.fr/books?id=XCjeHiM-_78C&pg=PA25&dq=tim+burton&lr=&cd=81#v=onepage&q=tim%20burton&f=false).

L’axe de recherche de ces auteurs est de comprendre comment l’enfance est abordée au cinéma. Pour cela, ils se basent sur trois films Charlie et la chocolaterie (Tim Burton), Hook et AI, intelligence artificielle (Steven Spielberg). Par cette citation, non seulement les auteurs nous montrent que Tim Burton réalise ces films également pour les enfants, mais ils vont encore plus loin, puisqu’ils suggèrent clairement qu’il leur créé un monde. L’usine de Willy Wonka dans le film de Tim Burton deviendrait donc une sorte de monde parallèle destiné aux enfants. Et c’est cette manière d’aborder l’enfance qui fait de Tim Burton un cinéaste prisé par les petits et les grands. Cette citation vient rejoindre l’idée d’Esquenazi comme quoi le cinéaste tient un rapport particulier avec le monde, et que c’est par ce rapport particulier qu’il parvient à atteindre ou à toucher un large public.

 

Mais Tim Burton ne s’adresse pas seulement aux enfants et aux amateurs de fantastique, il s’adresse également aux femmes, notamment à travers la figure mythique de Catwoman dans son film Batman, le défi. Claude Forest, dans un ouvrage intitulé Du héros aux super héros, aborde cette idée : « La Catwoman de Tim Burton est plus explicitement féministe, en tant qu’elle revendique une indépendance totale des femmes, et leur montre qu’elles ne doivent pas se considérer comme des victimes… »

(Claude Forest, Du héros aux super héros : Mutations cinématographiques, via Google Livres,http://books.google.fr/books?id=UWpP_TOAF2cC&pg=PA230&dq=tim+burton&lr=&cd=64#v=onepage&q=tim%20burton&f=false).

L’universitaire Claude Forest par cette citation, présente Tim Burton comme un cinéaste féministe, ou du moins à travers ce personnage d’héroïne des temps modernes. Il faut dire qu’à l’époque (1991), très peu de cinéastes avaient encore osés montrer une femme en super héros. Tim Burton accepte totalement l’idée qu’une femme puisse s’emparer d’un pouvoir, et sur ce point, non seulement il est moderne mais en plus il affirme sa volonté de faire de ces films des messages universels.

 

A partir de ces trois citations, on pourrait dire que ce qui rend Tim Burton si exceptionnel, c’est sa capacité à s’adapter à toutes les situations, à aborder tous les thèmes sans jamais faire preuve d’inégalité ou de discrimination. Le cinéma de Tim Burton est un cinéma qui donne autant de place aux enfants qu’aux femmes, et ce malgré son approche très fantastique, ou plutôt fantaisiste, du monde. Et c’est certainement cette diversité de public et cette volonté de s’adresser à tous, qui ont fait de Tim Burton un cinéaste mythique, qui est parvenu à s’imposer dans le cinéma à une échelle mondiale.

 

Mots-clés :

-                       Cinéma, nouvelles technologies et dispositions sociales : Cinéma, Sociologie, Technologie, Réalité.

-                     Devenir adulte et rester enfant : Cinéma, Enfance, Film jeunesse, Sociologie.

-                     Du héros aux Super héros : Cinéma, Super Héros/Héroïne, Comics, Sociologie.

 

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